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La nature est une source d'inspiration intarissable pour qui sait bien la regarder. Son interprétation n'a pas de limite.
Encore une fois, il s'agit de cesser de voir et d'apprendre à regarder, comprendre et imaginer la nature. Robert Le Ricolais (ingénieur et peintre), père des structures spatiales, recommandait l'observation des formes naturelles avant d'aborder des recherches concernant la forme. Paul Klee considérait aussi l'observation de la nature comme une condition indispensable à la vie intellectuelle d'un créateur.
La nature s'offre sous divers aspects (formels, structurels, méthodologiques) comme une vaste source d'inspiration. Qu'il s'agisse de s'inspirer de ses formes pour créer (Les tableaux de Le Corbusier à partir de pierres, bouts de bois ou autres objets..., par exemple) ou de l'étudier plus scientifiquement pour essayer d'en capter l'énergie (Briedmann, Max Ernst, Masson, Pollock), son attentive observation nous permet d’accéder à la connaissance.
Cette connaissance, si elle est bien retranscrite, nourrit les créations d'un grand intérêt visuel ou tactile.
Se perdre en pleine nature pour stimuler la créativité ?
En plus de l'inspiration nous qu'elle fournit, la nature serait aussi un excellent stimulant pour la créativité. David Strayer, professeur de neurosciences à l'Université de l'Utah a mené une étude qui a été publiée dans le magazine Plos. Inspiré par la théorie de restauration de l'attention (Attention Restoration Theory (ART) développée par Rachel and Stephen Kaplan pendant les années 80 dans leur livre "The experience of nature : A psychological perspective"), il a voulu prouver que les interactions continuelles avec les nouvelles technologies fatiguent et limitent nos possibilités créatives.
Le chercheur a convié un groupe de 50 étudiants à des séjours en pleine nature, sans aucun objet technologique. Il les a soumis à un test d'association divergente avant le départ puis après avoir l'excursion. Les résultats sont impressionnants. Après quelques jours passé dans la nature, les étudiants ont amélioré de 50% leurs résultats au test de divergence.
Quelques questions se posent cependant. Ce résultat est-il dû à la totale déconnexion et à l'immersion dans la nature ou à l'un de ces facteurs indépendamment de l'autre ? D'autres facteurs pour le moment non pris en compte interviendraient-ils ?
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"On fit une enquête pour savoir ce qu’était devenu mon père. On apprit qu’il avait été arrêté, en dehors de la ville, en proie à un accès de folie furieuse. On l’avait conduit à l’hôpital où il était mort deux jours après. Une mort pareille était la conséquence nécessaire, naturelle, de toute sa vie.
Il devait mourir ainsi, quand tout ce qui le soutenait dans la vie disparaissait d’un coup comme une vision, comme un rêve vide. Il mourut après avoir perdu son dernier espoir, après avoir eu la vision nette de tout ce qui avait leurré et soutenu sa vie.
La vérité l’aveugla de son éclat insoutenable, et ce qui était le mensonge lui apparut tel à lui-même. Pendant la dernière heure de sa vie, il avait entendu un génie merveilleux qui lui avait conté sa propre existence et l’avait condamné pour toujours.
Avec le dernier son jailli du violon du génial S... s’était dévoilé à ses yeux tout le mystère de l’art, et le génie, éternellement jeune, puissant et vrai, l’avait écrasé de sa vérité. Il semblait que tout ce qui l’avait tourmenté durant toute sa vie, par des souffrances mystérieuses, indicibles, tout ce qu’il n’avait vu jusqu’à ce jour que dans un rêve et qu’il fuyait avec horreur et se masquait par le mensonge de toute sa vie, tout ce qu’il pressentait et redoutait, tout cela, tout d’un coup, brillait à ses yeux qui, obstinément, ne voulaient pas reconnaître que la lumière est la lumière, et que les ténèbres sont les ténèbres.
La vérité était intolérable pour ces yeux qui voyaient clair pour la première fois ; elle l’aveugla et détruisit sa raison."
Nétotchka Nezvanova, Fiodor Dostoïevski