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Sensibilité

Non ! peu d’hommes sont doués de la faculté de voir ;

La sensibilité, moteur de la créativité

La sensibilité est un des moteurs de la créativité. L'individu créatif porte sur le monde un regard particulier. Il est extraordinairement sensible lorsqu'il regarde, écoute, touche, etc. (voir article sur l'inhibition latente). Son bas niveau d'inhibition latente lui permet d'être sensible aux formes, aux textures, aux couleurs de son environnement, mais elle n'opère que dans le premier filtre de sélection des ressources.

L'affectivité agit à tous les niveaux de la création. Ce n'est pas un facteur direct de créativité mais il lui fournit une énergie particulière qui active le processus créatif (SEGUIN). Encourager sa sensualité (ou sa sensorialité pour être plus précis) c'est fournir cette énergie au processus créatif.

Quelle activité cérébrale se cache derrière la sensibilité ?

L'inhibition latente, dite aussi effet Lubow (Doré 1984) est un concept de psychologie expérimentale. Il décrit la capacité à filtrer les stimuli, c'est-à-dire prêter moins d'attention à ce à quoi on est habitué. L'exemple le plus commun est celui des odeurs : vous entrez dans un restaurant et notez une forte odeur de friture. Si vous restez trois heures dans ce restaurant, vous vous habituerez à l'odeur de friture et n'y ferez plus attention. L'inhibition latente fait son travail inconscient permettant de traiter les stimuli sensoriels. Un déficit d'inhibition latente conduit donc à une plus grande attention au monde qui nous entoure. Mais à quel(s) mécanisme(s) répond l'inhibition latente ?

Dopamine

La dopamine joue un rôle prépondérant dans la créativité. Ce neurotransmetteur (une substance chimique qui permet la transmission de signaux entre les cellules du cerveau, les neurones en liant les récepteurs) est impliqué dans le contrôle des émotions, le plaisir, la curiosité, les mouvements et le contrôle des flux d'information. La dopamine est souvent surnommée "l'hormone de récompense" car elle intervient dans la reconnaissance inconsciente de ce qui pourrait nous mener à une récompense. Elle est donc sécrétée pour nous inciter à répéter une expérience qui a été jugée riche en récompense pour l'organisme.

Des études récentes ont démontré que la goût pour la découverte et l'exploration, l'intrépidité, la curiosité, l'éveil du désir pour de nouvelles expériences (physiologiques mais aussi spirituelles), mais aussi l'élan vers la recherche de nouvelles informations étaient aussi liés à la dopamine.

La maladie de Parkinson se caractérise par une baisse du taux de dopamine chez les malades. Un des traitements prescrits comprend des médicaments qui augmentent le taux de dopamine. Il a été observé que les malades sous ce traitement avaient un intérêt grandissant envers l'environnement qui les entoure et les activités artistiques, la dopamine recréant chez eux un élan, un désir et une curiosité : autant d'éléments nécessaires à la création.

Hans Eysenck suggère que les différents ratios sérotonine/dopamine expliquent la divergence des comportements cognitifs. Selon Eysenck, seul le ratio moyen fort permet de créer. La sérotonine donnerait donc la force mentale nécessaire pour ne pas être submergé par les pensées schizophréniques.

DRD2

Suite à un mécanisme dans lequel interviennent le thalamus (zone cérébrale relais entre les sens et la réflexion) et la molécule DRD2 qui transporte la dopamine, les neurones du cortex préfrontal sont inhibés et filtrent les informations extérieures.

Si le taux de molécule DRD2 (les transporteurs de dopamine) est faible, alors moins de neurones liés avec l'extérieur sont inhibées. Il est probable que le rôle de filtre du thalamus s'en trouve diminué. Ce phénomène a pour conséquence une plus grande réceptivité du cerveau face à l'environnement extérieur.

Hémisphères

Le sujet est alors plus sensible à ce qu'il voit, touche et ressent. Les idées et les connexions divergentes affluent d'avantage que chez les personnes disposant d'un taux plus élevé de récepteurs D2. Des études récentes ont démontré que les individus créatifs, tout comme les schizophrènes ont un taux de DRD2 plus faible que la majorité. Dopamine, Sérotonine, DRD2, Thalamus et cortex pré-frontal seraient donc les acteurs de l'inhibition latente, une des faces de la sensibilité.

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Solitude

La Solitude Stimule-t-elle la Créativité ?

A l’heure des réseaux sociaux, la volonté de s’isoler est considérée dans nos sociétés comme une attitude étrange ! Les travailleurs du tertiaire sont paradoxalement enfermés dans des « open-space », on se réunit souvent pour « faire un point » (littéralement).

Le groupe est stimulant, il unit les équipes. Mais dans ces formes peut-il créer une dynamique de créativité ? Visiblement, non. Selon un résumé d'une étude publié dans le New York Times, toutes ces démarches nuiraient à la créativité. En effet, lors des réunions de groupe, les personnes créatives introverties garderaient leurs idées par peur de les exprimer. Il se créé alors une dynamique de groupe avec ses leaders, ses suiveurs, ses dormeurs, qui prend le pas sur la dynamique de créativité, plus réduite.

Le fait de pouvoir s'isoler est d’une importance capitale pour le développement de la créativité. Les sollicitations sont constantes et la concentration est fragile. Il est important pour le créateur de jouir d’un lieu privé et d’être convaincu qu’il agit en être libre.

Cette solitude est donc nécessaire dans presque toutes les étapes de la création mais elle revêt une importance particulière lors des temps les plus vifs de l’activité créatrice (l’émergence des idées et la mise au travail).

Dans ses correspondances avec Faydeau, Flaubert notait que la solitude nécessaire à la mise au travail avait l’effet sur lui d’un excitant : « voilà huit jours que je suis complètement seul. Je travaille raide, jusqu’à 4 heures du matin toutes les nuits. Ça commence à marcher, c’est-à-dire à m’amuser, ce qui est bon signe. La solitude me grise comme de l’alcool. Je suis d’une gaîté folle, sans motif, et je gueule tout seul de par les appartements de mon logis, à me casser la poitrine ».

La solitude est nécessaire à une activité créative prolifique. Cependant, il faut la considérer comme un luxe et pouvoir s’y retrouver lorsque c’est nécessaire. Si elle n’est pas souhaitée et qu’elle est subie, elle peut mener vers la folie… L’homme, cet animal social, a besoin d’interactions avec ses compagnons qui sont vitales autant pour la créativité que pour son bien-être. La solitude doit être choisie et l’artiste doit s’organiser afin de pouvoir en jouir quand il en ressent le besoin.

Nous faisons référence ici à l'exécution de l'idée créative, sa mise en forme. Les interactions sociales, en particulier l'appartenance à une communauté valorisant la créativité fait parti des facteurs stimulants l'impulsion créative.

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Sexualité

La créativité est sexualité. L’élaboration d’une œuvre comprend un ensemble de volontés et désirs que l’on retrouve dans la sexualité.

Des caractéristiques partagées

Le besoin de créer est primaire, archaïque. Il tend vers un désir de satisfaction et de toute puissance créant un monde où se mêlent le vécu du créateur depuis l’enfance, le ludique qui fait assembler des idées et des formes, l’exploration de la sensualité, de la sensorialité et des fantasmes, la recherche d’extase, des thèmes symboliques, des tensions, des relâchements, des représentations symboliques...

Toutes les activités artistiques sont sexualité, elles agissent comme des conteneurs d’énergie sexuelle déviée. L’artiste met au monde une partie de lui-même.

L'immersion dans un processus créatif réellement productif suppose une dissolution du temps et de soi-même pendant des heures. L'être vit intensément dans le présent et peut arriver à ressentir de la joie une profonde satisfaction une fois la phase de création achevé.

De la même manière, les blocages créatifs ou sexuels créés une grande frustration. Aucune étude n'a été conduite sur la relation entre une sexualité considérée comme satisfaisante par l'individu et sa créativité. Il y a fort à parier qu'il existe bien une correlation. Si vous avez des informations dans ce domaine, n'hésitez pas à les partager avec nous !

Balzac recommandait de limiter les excitations sexuelles lors du travail afin de dévier cette énergie vers l’ouvrage en cours d’élaboration.

Tirer profit de l'énergie sexuelle

Le désir d'expression sexuel est au sommet de nos stimuli. Il nous est possible d'utiliser cette énergie, ou de la dévier pour stimuler la créativité.

Le créateur est celui qui possède le libre jeu de toutes les variables du sexuel dans la pensée, et qui a la chance, ou l’intelligence, de disposer au moment opportun de celle qui est requise à chacune des phases de son travail.

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Synesthésies

Réminiscence des correspondances symbolistes, Sartre convie à d'étranges synesthésies : "Si je mange un gâteau rose, écrit-il dans l'Être et le Néant, le goût est en rose ; le léger parfum sucré et l'onctuosité de la crème au beurre sont le rose. Ainsi je mange rose comme je vois sucré".

La synesthésie est un phénomène neurologique par lequel plusieurs sens sont associés. Les synesthésies les plus connues sont celles qui associent des couleurs à des lettres de l’alphabet, des nombres avec des positions dans l’espace, des sons à des couleurs ou des formes.

« Une large bande violette, fortement chauffée de tons roux vers l’occident, occupe toute la partie inférieure du ciel ; en rencontrant des zones d’azur, la teinte violette se fond en lilas clair et se noie dans le bleu par une demi-teinte rose ; du côté où le soleil, rouge comme un bouclier tombé des fournaises de Vulcain, jette des ardents reflets, la nuance tourne au citron pâle, et produit des teintes pareilles à celles des turquoises. »

Cet extrait d’une nuit de Cléopâtre, de Théophile Gauthier, esthétiquement très chargé illustre cette idée de l’usage quotidien que nous faisons des synesthésies : vous avez « vu » ce paysage de coucher de soleil, alors que vous n’avez que « lu » des mots, des symboles noirs sur blanc. Le langage, les métaphores, les lettres utilisées dans cet extrait qui forment des mots puis des évocations vont chercher en vous d’autres sens et réalisent des connections avec eux, inconsciemment. Les synesthésies qui arrivent à notre conscience ne seraient que la partie émergée d’un immense iceberg inconscient.

Nous avons donc une propension naturelle à la réalisation d’association entre des éléments d’apparence éloignés (dans le cas des synesthésies, des sens). Se laisser aller consciemment à essayer de traduire un son en une forme, ou un symbole en une couleur peut fournir de nombreuses ressources au moment où on en attend le moins...

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